Un nouvel outil de terrain pour contrôler le respect du droit à l'alimentation
Nouvel outil de suivi des droits humains
Un nouvel outil de suivi des droits humains vise à faire progresser les luttes sociales autour de la souveraineté alimentaire et du droit à l'alimentation et à la nutrition.
Une personne sur trois dans le monde souffre d'insécurité alimentaire. La faim et la malnutrition sont en augmentation depuis plusieurs années. Dans le cadre de sa réponse, le Réseau mondial pour le droit à l'alimentation et à la nutrition lance son Outil de suivi populaire pour le droit à l'alimentation, destiné à favoriser des systèmes alimentaires fondés sur les droits humains à une époque où les droits fondamentaux des personnes et la souveraineté alimentaire sont de plus en plus menacés.
L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) recense depuis des années le nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition dans son rapport sur l'état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde (SOFI). Pourtant, les mécanismes de suivi prédominants comme ce dernier ne permettent pas de dresser un tableau complet de la faim.
« [Ces rapports] sont basés sur des statistiques quantitatives collectées par des experts techniques plutôt que sur les expériences réelles des gens », explique Laura Michéle, chargée de mission pour la nutrition et les systèmes alimentaires chez FIAN International. « Ils ignorent généralement les formes multiples et interconnectées de violence et les causes structurelles qui sous-tendent la faim et la malnutrition. »
Élaboré avec des organisations de base et des mouvements sociaux dans le cadre d'un processus participatif de quatre ans, l'Outil de suivi populaire part d'une approche globale du droit à l'alimentation et à la nutrition qui va à l'encontre du discours dominant sur la faim et la malnutrition. Il couvre des domaines de lutte et des thèmes politiques essentiels à la pleine réalisation de ce droit, tels que les droits environnementaux et les droits des femmes, ainsi que les systèmes alimentaires sains et durables.
L’Outil
Les questions structurées de l'outil permettent d'évaluer si et comment les États se conforment à leurs obligations en matière de droits humains. Les réponses constituent un ensemble de preuves pour les communautés, les mouvements, la société civile, les universitaires et les fonctionnaires et les aident à promouvoir des politiques qui s'attaquent aux causes structurelles de la faim.
Éprouvé avec succès au Mali, il a permis à des femmes et des jeunes filles rurales de partager leurs expériences et d'évaluer le fonctionnement du module sur les droits des femmes dans leur contexte. Elles ont ainsi déterminé les droits qu'elles souhaitaient défendre, identifié les principaux instruments juridiques et réfléchi à une stratégie de plaidoyer, qui comprenait la rédaction de recommandations destinées à leur gouvernement.
« Il est essentiel que les personnes touchées par la faim et la malnutrition soient considérées comme des sujets, et non des objets, dans les exercices de suivi, et qu'elles disposent de l'espace et des outils nécessaires pour analyser et formuler leurs expériences », explique Arie Kurniawaty, de l'organisation indonésienne de défense des droits des femmes Solidaritas Perempuan, qui effectue un suivi du droit à l'alimentation et à la nutrition sur base d’une approche féministe en Indonésie. « Elles mieux que quiconque connaissent les problèmes de leur vie quotidienne et sont les mieux placées pour trouver les bonnes solutions. »
Le Réseau mondial pour le droit à l'alimentation et à la nutrition réunit une diversité de mouvements sociaux et d'organisations de la société civile dans la lutte pour le droit à une alimentation et une nutrition adéquates. Son secrétariat est assuré par FIAN International.