Les luttes convergent, comme les affluents d’une rivière
Représentant plus de soixante mouvements sociaux et organisations de la société civile (OSC) d’intérêt public, les membres et amis du Réseau mondial pour le droit à l’alimentation et la nutrition (GNRtFN), se sont réunis à Dakar, offrant ainsi un soutien international à la Caravane ouest-africaine pour les droits à la Terre, à l’Eau et aux Semences.
Des groupes de la société civile venus du monde entier se sont réunis du 19 au 22 mars, après l’arrivée de la Caravane dans la capitale sénégalaise . De l’avis de Sofia Monsalve, Secrétaire générale de FIAN International, cet événement ne constitue pas uniquement un moment historique, mais également la preuve tangible d’un renforcement des liens entre les différentes luttes. « Pour reprendre l’image suggérée par un dirigeant paysan participant à notre réunion, nous sommes engagés dans un processus au sein duquel diverses luttes progressistes convergent d’ores et déjà, comme les affluents d’une rivière. Il convient de continuer d’encourager cette convergence, comme nous l’avons réaffirmé lors de la réunion sur le droit fondamental à l’alimentation et à la nutrition que nous avons tenue à Dakar », précise-t-elle.Comme s’en est fait l’écho Judith Hitchman, représentante du Réseau international pour une agriculture soutenue par la communauté (URGENCI), nous nous réunissons à un moment où les forces conservatives gagnent de plus en plus de terrain à travers le monde, et continuent à diminuer les gains que le mouvement des droits humains a acquis au cours des cinquante dernières années. « Une augmentation de la spéculation alimentaire, une forte augmentation des accaparements des terres, des règles commerciales injustes à l’OMC et à travers des accords comme les APE, le PTCI et le TPP , demeurent des défis qui nous attendent. »Les droits des femmes et des filles ont également été intégrés aux débats. Selon Malyn Ando, du Centre de ressources et de recherche pour les femmes de la région Asie-Pacifique (ARROW) basé en Malaisie, conserver et faire respecter les droits des femmes nécessite une attention particulière, étant donné que les femmes continuent d’avoir à lutter contre le patriarcat dans tous les domaines de leur vie, y compris dans le domaine de la sexualité , la fertilité et l'autodétermination sur leur corps. « Ceci est également applicable à une évolution des systèmes fonciers coutumiers qui assurent aux femmes l’accès à la terre, au bétail et à l’eau, ainsi que la prise de décisions concernant ces ressources », déclare-t-elle.En contribuant à la déclaration finale publiée lors de la quatrième réunion du Réseau, la Caravane ouest-africaine, organisée par la Convergence globale des luttes pour la terre et l'eau, lance un vibrant appel à la constitution d’une véritable Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) des peuples.« En outre, nous dénoncerons et nous opposerons fermement à la criminalisation des victimes et des défenseurs des droits humains », déclare Massa Koné, de la Convergence malienne contre l’accaparement des terres (CMAT), organisation participant activement à la Caravane. « Cette volonté est largement soutenue par l’engagement du Réseau à demeurer résolument aux côtés des défenseurs des droits humains qui prennent des risques pour défendre leurs droits à la terre, à l’eau, aux semences, aux ressources naturelles, et à des modes de vie éloignés de l’accaparement par des entreprises.Le réseau, lancé officiellement en juin 2013, a été l’aboutissement d’un processus de consultation très large, prenant en compte l’aggravation de la crise alimentaire mondiale chronique, laquelle se caractérise elle-même par la persistance de violations graves du droit à l’alimentation et l’impunité dominante dont jouissent leurs auteurs. Le Réseau est d’abord une lutte commune vers la pleine application du droit humain à l’alimentation adéquate et à la nutrition, dans un contexte d’invisibilité des droits humains et de la souveraineté des peuples. Cette lutte commune a commencé avec la préparation du Forum parallèle de la société civile en vue du Sommet mondial sur l’alimentation en 1996. NOTE AUX RÉDACTEURS : Le Réseau est une initiative d’Organisations de la société civile et de mouvements sociaux d’intérêt public (paysan(ne)es, pêcheurs(euses), pasteurs, personnes sans terre, consommateurs, personnes en situation de pauvreté, travailleurs/ses agricoles et du secteur de l’alimentation, femmes, jeunes et peuples indigènes) qui reconnaissent la nécessité d’agir conjointement pour la réalisation du droit à une alimentation adéquate et à la nutrition. Le Réseau :
- Ouvre un espace de dialogue et de mobilisation pour ses membres dans le but de tenir les États responsables de réaliser ce droit, eu égard à leurs obligations territoriales et extra-territoriales ;
- Soutient les luttes des mouvements sociaux et des groupes contre les violations de ce droit ;
- Soutient et protège autant qu’il le peut les défenseurs/ses des droits humains contre la répression, la violence et la criminalisation dont ils/elles sont victimes ;
- Oeuvre à mettre un terme à l’impunité dont jouissent les violations cautionnées par les États et les auteurs non-étatiques de ces violations ; et
- Promeut l’interprétation globale du droit humain à une alimentation adéquate et à la nutrition, comprenant la pleine application des droits des femmes, dans le cadre de la souveraineté alimentaire.
La Caravane ouest-africaine pour les droits à la Terre, à l’Eau et aux Semences a concerné treize pays d’Afrique de l’Ouest et a circulé du 3 au 18 mars. Elle a mobilisé des communautés de toute la région sur la route reliant Ouagadougou à Dakar, faisant étape à Bamako. Pour plus d’informations, click ici.Pour tout renseignement sur les médias, contacter delrey[at]fian.orgPour plus d’information sur le réseau, contacter secretariat[at]GNRTFN.orgPour plus d’information, lire la déclaration.