Nos régimes alimentaires sont actuellement au cœur des débats sur l’atténuation du changement climatique. Les médias grand public parlent de plus en plus de l’impact de la consommation de viande sur les émissions de CO². Au delà des débats scientifiques, le grand public montre un intérêt grandissant pour les impacts de la nourriture que nous consommons sur le changement climatique. Dans certaines par-ties du monde, les régimes végétaliens gagnent du terrain tandis que les mouvements pour le végétalisme et pour le climat se rapprochent. D’ail-leurs, un certain nombre de personnes militantes des « vendredis pour l’avenir » de toute l’Europe ont adopté le végétalisme.

Dans le présent article, nous posons un regard critique sur le végétalisme. Qu’est-ce qui attire un nombre croissant de personnes vers les régimes végétaliens ? Est-ce la crise climatique ? Le végétalisme peut-il vraiment être une des solutions clés au changement climatique ? Où se situent les intersections entre les différents mouvements – pour la sou-veraineté alimentaire, pour le climat et pour le végétalisme ? Le végéta-lisme est-il en contradiction ou plutôt en synergie avec la lutte pour la souveraineté alimentaire ? Pour aborder ces questions, cinq militantes nous font part de leurs points de vue.

Les humains font partie intégrante de la nature. L’alimentation est l’ex-pression la plus évidente de notre lien étroit avec le reste du monde vivant. Pourtant, dans leurs pensées et leurs actes, les sociétés occidentales modernes traitent les humains et le reste de la nature comme deux sphères séparées. Le capitalisme en particulier repose sur le principe de la domination et de l’exploitation du monde naturel pour en tirer profit.

Le présent article affirme que cette séparation est au cœur des crises écologiques profondes qui frappent le monde, et dont le réchauffement pla-nétaire anthropique et la perte dramatique de biodiversité sont les manifestations les plus évidentes. La pandémie du COVID-19 nous oblige aussi à réévaluer notre relation avec le reste de la nature. Si l’humanité veut résoudre ses crises existentielles, elle devra dépasser cette séparation.

Le but du présent article est de proposer des actions susceptibles de nous faire avancer dans cette direction, tout en examinant comment les droits humains, entre autres, peuvent éclairer davantage la relation entre l’humain et la nature.

La production alimentaire et l’accès à une alimentation nutritive, saine et culturel-lement adéquate repose sur l’existence d’écosystèmes fonctionnels mais aussi sur notre capacité à reconnaître les droits humains et la valeur intrinsèque de tous les autres êtres vivants, les animaux, les plantes et même les microorganismes.

L’épidémie causée par le virus du SRAS-CoV-2, déclarée pandémie par l’Organisation mondiale de la santé en janvier 2020, soulève de sérieuses questions quant à sa relation avec les processus alimentaires à l’ère du capitalisme.

D’une part, elle met en évidence les preuves de la transmission d’agents infectieux par des causes directement liées aux systèmes alimentaires dits modernes, puisque ceux-ci ont fragilisé la biodiversi-té et donc stimulé le passage d’agents viraux des espèces animales aux humains. D’autre part, elle indique clairement que le terrain favorable à l’issue fatale de la maladie a été créé par le même système alimentaire industriel à la source des maladies chroniques non transmissibles.

A la différence du projet scientifique conventionnel qui mise sur les médicaments et les vaccins, l’article propose une sortie de crise esquissée en six propositions basées sur la notion d’agentivité alimentaire. Elle requiert, entre autres, l’abolition du modèle patriarcal développementaliste du régime alimentaire agro-industriel ou corporatiste, pour privilégier les soins collectifs à travers l’agroécologie familiale et communautaire dirigée par les femmes, et ainsi œuvrer pour la vie sur la planète dans le cadre de la souveraineté alimentaire.